dimanche 27 juillet 2008
LA PLACE DE LA PAROLE
Les arts de la parole se frayent de plus en plus un espace dans l’univers des arts du spectacle vivant. A travers le FESTMOC, festival international, nous pensons pouvoir mener une action militante dans la dynamique de survie de l’oralité. Car, si la parole cesse d’exister, la mutité s’installe. Et plus de communication. La place de la parole dans toute société est incontournable et encore plus fondamentale en Afrique. En effet, c’est le seul argument valable qui nous lie et nous réunit autour de l’arbre à palabres. Une visibilité forte devrait être accordée à la parole dans l’ensemble de nos réalisations vis-à-vis de ceux qui nous écoutent, vis-à-vis de ceux qui nous soutiennent. Car la littérature orale connaît une grande richesse de contes, légendes, épopées, devinettes, proverbes, fables, chantefables dont la fonction ne tient pas seulement du simple divertissement. Bien plus, elle recèle d’un dynamisme pédagogique par les enseignements qui en découlent. Cela est une richesse immense dans la mesure où elle apporte à nos populations une dynamique dans les différents programmes de promotion du changement et du développement des mentalités nouvelles.
Le FESTIVAL LES MOMENTS CONTE (FESTMOC), cette année, une fois de plus, s’installe dans cette mouvance qui est celle de la défense des carrières artistiques et la continuité dans la mise en place d’un véritable marché de pérennisation de la culture orale à travers la diversité des conteurs invités à cette 8è édition. En effet le FESTMOC voudrait s’imposer comme une vitrine des arts de la parole offrant de nombreuses possibilités aux artistes de se
faire connaître et surtout d’intervenir dans toutes les scènes internationales.
Le FESTIVAL LES MOMENTS CONTE (FESTMOC), cette année, une fois de plus, s’installe dans cette mouvance qui est celle de la défense des carrières artistiques et la continuité dans la mise en place d’un véritable marché de pérennisation de la culture orale à travers la diversité des conteurs invités à cette 8è édition. En effet le FESTMOC voudrait s’imposer comme une vitrine des arts de la parole offrant de nombreuses possibilités aux artistes de se
faire connaître et surtout d’intervenir dans toutes les scènes internationales.
Le FESTMOC 2007 se donne trois grands mots : « rencontres, échanges, divertissement ». Du 06 au 15 novembre 2007, pendant une dizaine de jours, et dans 3 sites différents du Cameroun (Yaoundé-Kribi-Sa’a), et autour de la thématique « contes et musiques », plus d’une vingtaine d’ouvriers du verbe, venant d’Afrique, de France et d’Amérique, se déploient autour d’activités diverses, tels des ateliers de formation sur le conte et sur la fabrication d’instruments de musique traditionnels, des rencontres professionnelles, des conférences et des excursions touristiques, des interventions contes, pour magnifier la force de la parole. Un accent particulier a effectivement été mis cette année sur la musicalité dans le conte, car il a été noté que celle-ci occupait de plus en plus un espace dans nos interventions.
Nous profitons de cette vitrine qui nous est offerte pour remercier tous nos partenaires institutionnels, en l’occurrence le Ministère de la Culture, la Mairie de Sa’a, l’Organisation Internationale de la Francophonie, la Fondation Prince Claus, Art Moves Africa, et tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé dans la mise en place de cette huitième édition.
Le comité d’organisation du FESTMOC 2007 souhaite la bienvenue à tous les artistes et formateurs, et les encourage à passer un agréable séjour parmi nous. Place aux conteurs. Place à la parole porteuse de richesse!
Le comité d’organisation du FESTMOC 2007 souhaite la bienvenue à tous les artistes et formateurs, et les encourage à passer un agréable séjour parmi nous. Place aux conteurs. Place à la parole porteuse de richesse!
Léonard Logmo. Directeur du Festival.
Festmoc 2007 : L’histoire fut belle
Les flûtes se sont tues. Les tam-tams ont cessé de résonner. Cris d’oiseaux, forêts qui rient, arbres qui murmurent, nuits qui chantent, feux qui éclairent… Tout cela a pris fin le 15 novembre 2007. Lorsque le festival Les moments conte (Festmoc) a éteint les lampes-tempête de sa huitième édition.
Tout a commencé neuf jours, ou dix, cela dépend de la manière de compter, auparavant. Le 06 novembre à vrai dire. Pour participer au festival, de nombreux horizons ont été conviés. Burkina Faso, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, Congo, Centrafrique, Madagascar, Tchad, Togo, France, Canada, Pérou, et bien sûr, Cameroun. Pour son souffle de vie numéro huit, le Festmoc s’est enveloppé dans le thème « Contes et musique ». Une musique qui aura rythmé tout le parcours du Festmoc, avec notamment une tripartite musicale, KPG du Burkina Faso, Hardos Massamba du Congo et Christian Koulnodji du Tchad, qui auront enfanté une chanson devenue l’hymne du festival, Afrique.
Mais musique mise de côté, le festival a commencé par un autre événement. Un événement qui rappelle que la parole est au centre de tout, l’atelier sur le patrimoine oral, animé par le conteur burkinabé et grand habitué de l’évènement, Toumani Kouyaté. Lieu de déroulement des actions, Centre culturel français de Yaoundé. D’ailleurs, le premier acte du festival, rencontres professionnelles et spectacles, avait pour scène la capitale politique. Les deux autres actes se tiendront à Kribi et à Sa’a. Après trois jours de travaux donc au CCF, les participants, issus de la multi nationalité, en ressortiront édifiés. Ils auront appris comment élaborer leur texte, comment le rendre, dans un but de symbiose avec l’auditoire. Attitudes, intonations, tout a été passé en revue.
Entre-temps, de l’autre côté de la ville, le 08 novembre 2007 plus exactement, la musique entrait véritablement en piste. Le journaliste, enseignant et homme de culture, François Bingono Bingono a pris place à la Maison des savoirs d’Etoudi pour diriger la conférence sur le thème « Contes et tam-tam ». De là, il en ressortira que le premier sans le dernier est sans épices.
Le 09 novembre, toute l’équipe prend la direction de Kribi pour la deuxième étape du festival. Au programme, l’atelier de fabrication d’un instrument de musique, le koi-koi. Atelier au bord de la mer, la tête sous les palmiers qui bordent l’Atlantique. Et pour terminer ce tableau idyllique, les sons qui s’échapperont des koi-koi fabriqués. Sans oublier l’excursion aux chutes de la Lobé. Mais l’idyllique ne sera pas de tous les instants. Difficultés à rencontrer les autorités locales, à trouver une scène pour se produire, ce qui sera possible finalement, difficultés aussi à trouver l’adhésion du public. Et l’enfer servira de transition entre Kribi et Sa’a.
L’entrée dans ce troisième acte se déroulera dans la souffrance et la fatigue dues aux mauvaises conditions de voyage, et à l’arrivée dans le noir absolu. Mais ne dit-on pas que bien étroite la porte qui mène au paradis ? Et parlant de paradis, Sa’a en sera un. La symbiose avec le public, adultes, élèves du secondaire comme du primaire, accueil chaleureux. Tant chez le Pr Sévérin Cécil Abega, à Ntomb Lebel, où certains artistes se produiront, et seront même logés, qu’à Sa’a hôtel et d’autres structures d’accueil. L’équipe du Festmoc aura même droit à une cérémonie d’ouverture officielle du festival.
Et si des limites ont pu être notées, elles seront attribuées notamment au manque de moyens financiers, vu l’absence d’implication réelle des partenaires. Cela aura déteint sur l’organisation du festival qui a été obligée de connaître quelques cahots. Cahots qui ont été soulignés dans de franches discussions lors d’une rencontre entre professionnels. Ces contretemps n’empêcheront cependant pas le Festmoc de poursuivre son bonhomme de chemin. Espérons qu’en fin de compte, un joli conte en découlera.
Rita Diba
Tout a commencé neuf jours, ou dix, cela dépend de la manière de compter, auparavant. Le 06 novembre à vrai dire. Pour participer au festival, de nombreux horizons ont été conviés. Burkina Faso, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, Congo, Centrafrique, Madagascar, Tchad, Togo, France, Canada, Pérou, et bien sûr, Cameroun. Pour son souffle de vie numéro huit, le Festmoc s’est enveloppé dans le thème « Contes et musique ». Une musique qui aura rythmé tout le parcours du Festmoc, avec notamment une tripartite musicale, KPG du Burkina Faso, Hardos Massamba du Congo et Christian Koulnodji du Tchad, qui auront enfanté une chanson devenue l’hymne du festival, Afrique.
Mais musique mise de côté, le festival a commencé par un autre événement. Un événement qui rappelle que la parole est au centre de tout, l’atelier sur le patrimoine oral, animé par le conteur burkinabé et grand habitué de l’évènement, Toumani Kouyaté. Lieu de déroulement des actions, Centre culturel français de Yaoundé. D’ailleurs, le premier acte du festival, rencontres professionnelles et spectacles, avait pour scène la capitale politique. Les deux autres actes se tiendront à Kribi et à Sa’a. Après trois jours de travaux donc au CCF, les participants, issus de la multi nationalité, en ressortiront édifiés. Ils auront appris comment élaborer leur texte, comment le rendre, dans un but de symbiose avec l’auditoire. Attitudes, intonations, tout a été passé en revue.
Entre-temps, de l’autre côté de la ville, le 08 novembre 2007 plus exactement, la musique entrait véritablement en piste. Le journaliste, enseignant et homme de culture, François Bingono Bingono a pris place à la Maison des savoirs d’Etoudi pour diriger la conférence sur le thème « Contes et tam-tam ». De là, il en ressortira que le premier sans le dernier est sans épices.
Le 09 novembre, toute l’équipe prend la direction de Kribi pour la deuxième étape du festival. Au programme, l’atelier de fabrication d’un instrument de musique, le koi-koi. Atelier au bord de la mer, la tête sous les palmiers qui bordent l’Atlantique. Et pour terminer ce tableau idyllique, les sons qui s’échapperont des koi-koi fabriqués. Sans oublier l’excursion aux chutes de la Lobé. Mais l’idyllique ne sera pas de tous les instants. Difficultés à rencontrer les autorités locales, à trouver une scène pour se produire, ce qui sera possible finalement, difficultés aussi à trouver l’adhésion du public. Et l’enfer servira de transition entre Kribi et Sa’a.
L’entrée dans ce troisième acte se déroulera dans la souffrance et la fatigue dues aux mauvaises conditions de voyage, et à l’arrivée dans le noir absolu. Mais ne dit-on pas que bien étroite la porte qui mène au paradis ? Et parlant de paradis, Sa’a en sera un. La symbiose avec le public, adultes, élèves du secondaire comme du primaire, accueil chaleureux. Tant chez le Pr Sévérin Cécil Abega, à Ntomb Lebel, où certains artistes se produiront, et seront même logés, qu’à Sa’a hôtel et d’autres structures d’accueil. L’équipe du Festmoc aura même droit à une cérémonie d’ouverture officielle du festival.
Et si des limites ont pu être notées, elles seront attribuées notamment au manque de moyens financiers, vu l’absence d’implication réelle des partenaires. Cela aura déteint sur l’organisation du festival qui a été obligée de connaître quelques cahots. Cahots qui ont été soulignés dans de franches discussions lors d’une rencontre entre professionnels. Ces contretemps n’empêcheront cependant pas le Festmoc de poursuivre son bonhomme de chemin. Espérons qu’en fin de compte, un joli conte en découlera.
Rita Diba
Le tam-tam donne de la vie au conte
Que serait le conte sans musique ? Sur cette question, le journaliste, homme de théâtre et par ailleurs enseignant à l’université de Yaoundé I, a entretenu les artistes, invités et journalistes conviés à cette rencontre du 08 novembre 2007 à La maison des Savoirs. Sur le thème spécifique « contes et tam-tam », il ressort que le conte et le tam-tam sont des moyens de communication. Mais dans les arts de l’oralité, le premier sans le deuxième serait ennuyeux selon les anciens.
Le conte, explique l’animateur, peut être présenté comme un récit imaginaire ou fictif, qui raconte une aventure et fait intervenir les éléments de la faune et de la flore. Dans le conte, il y a une information ludique, dans laquelle on réforme ou on diffuse des leçons pour la bonne évolution de la société. De ce fait, il se présente ici comme un média.
Le tam-tam dans sa forme, représente un être humain, couché sur le dos. Ouvert, il faut le battre pour le faire résonner. Dans les sociétés traditionnelles, il sert à communiquer à 10 km à la ronde et il y a un relais qui continue de diffuser le message aux clans avoisinants. Doté de valeurs anthropologiques, c’est un communicateur dans les sociétés bantoues. Il peut aussi revêtir une fonction divertissante par la diffusion de la musique qui vient agrémenter le récit du conteur.
Y a-t-il un rapport interrelationnel entre le conte et le tam-tam ? Certainement, car les accointances comme on peut le constater résident dans la diffusion de l’information. Le conteur, lui, va diffuser la parole ; tandis que le tam-tam va cesser d’être un outil pour devenir un être humain. Or, l’être humain qui dit un conte se transforme en un communicateur. A ce moment, le tam-tam cesse d’être un objet parce qu’il a la possibilité de se calquer sur la langue bantoue par le principe d’alternance de haut et de bas. Le conteur est un communicateur humain. Le tam-tam est un communicateur aussi, mais non humain de par sa manière de dire le discours.
Le conte africain allie chant, danse, musique et parole poétique et le tam-tam renforce la communication.
Le tam-tam dans sa forme, représente un être humain, couché sur le dos. Ouvert, il faut le battre pour le faire résonner. Dans les sociétés traditionnelles, il sert à communiquer à 10 km à la ronde et il y a un relais qui continue de diffuser le message aux clans avoisinants. Doté de valeurs anthropologiques, c’est un communicateur dans les sociétés bantoues. Il peut aussi revêtir une fonction divertissante par la diffusion de la musique qui vient agrémenter le récit du conteur.
Y a-t-il un rapport interrelationnel entre le conte et le tam-tam ? Certainement, car les accointances comme on peut le constater résident dans la diffusion de l’information. Le conteur, lui, va diffuser la parole ; tandis que le tam-tam va cesser d’être un outil pour devenir un être humain. Or, l’être humain qui dit un conte se transforme en un communicateur. A ce moment, le tam-tam cesse d’être un objet parce qu’il a la possibilité de se calquer sur la langue bantoue par le principe d’alternance de haut et de bas. Le conteur est un communicateur humain. Le tam-tam est un communicateur aussi, mais non humain de par sa manière de dire le discours.
Le conte africain allie chant, danse, musique et parole poétique et le tam-tam renforce la communication.
Associer ces deux outils amène à créer le principe de la double communicabilité. Car le conteur est un maître de la parole mais il doit toujours associer l’action des tambourinaires.
Yvette MBOGO
Yvette MBOGO
Tout est parole.
« Contes et musique », le principal thème du Festmoc 2007 aura remué bien des méninges.
Que serait le conte sans musique ? Lors de la conférence sur le thème plus spécifique de « contes et tam-tam », animée par François Bingono Bingono, le 08 novembre 2007, le journaliste et homme de culture a affirmé que selon les anciens, le conte serait fade sans le tam-tam. Un autre avis, c’est celui de Toumani Kouyate. Le conteur Burkinabé décrit la musique comme un agrément pas forcément nécessaire au conte. Cela dépendrait plutôt de l’intention du conteur et de la tonalité du conte.
Mais encore, que serait le conte sans musique ? Est-ce que par musique, l’on doit forcément comprendre l’apport d’un instrument mécanique émettant des notes harmonieuses ? La musicalité réside-t-elle seulement dans l’instrument ou aussi dans l’agencement des mots, dans les intonations du conteur. De ce fait, le conte ne pourrait-il pas être, en lui-même, dans sa construction, une musique à part entière ? Généralement, les contes en Afrique ont des formules d’appel pour lancer le récit, pour inviter l’auditoire à entrer dans le récit. Cela se décline parfois sous la forme d’un chant. Et parlant de chant, on en rencontre parfois plusieurs au cours du même conte. N’est-ce pas toujours de la musique ? Même si dans ce cas, ce chant peut être compris comme la musique au sens premier, agrément du récit, parce que la voix est considérée comme un instrument de musique, il n’en demeure pas moins que c’est une prolongation humaine et non mécanique du récit.
Les conteurs africains, puisant dans l’ancestrale tradition orale, se transforment en des instruments en chair et en os. Ils ont ainsi enrichi leurs narrations d’onomatopées, reproduisant avec leur bouche les sons du quotidien. Ils se sont ainsi mis dans la peau des choses, des animaux, parce le conte brise les frontières entre les genres, pour créer un univers onirique où s’entremêlent hommes, bêtes, créatures imaginaires. Tout cela pour, à la manière allégorique de la fable, représenter surtout des sentiments et des états d’esprit. Alors, il n’est pas étonnant d’écouter un conteur se métamorphoser phonétiquement en oiseau, en hibou, croasser, caqueter, rugir, aboyer…Ces sons ont par ailleurs vocation d’assurer le côté musique du conte, sans qu’on ne soit obligé de recourir à des instruments de musique.
Et comme l’a noté François Bingono Bingono lors de la conférence, le conte et le tam-tam ont en fait la même finalité, celle de communiquer. Et le principal signe transmis dans la communication est le son, articulé ou inarticulé.
Toumani Kouyaté a souligné que ces deux éléments sont des parties et canaux d’un tout, la parole. Alors, si Toumani Kouyaté dit qu’une vie sans conte n’existe pas, osons dire pour notre part qu’un conte sans musique, ça n’existe pas. Parce que le conte est musique.
Et à ne jamais oublier, tout cela n’est que parole. Tout cela n’est que verbe. Et le verbe est créateur.
Rita Diba
Que serait le conte sans musique ? Lors de la conférence sur le thème plus spécifique de « contes et tam-tam », animée par François Bingono Bingono, le 08 novembre 2007, le journaliste et homme de culture a affirmé que selon les anciens, le conte serait fade sans le tam-tam. Un autre avis, c’est celui de Toumani Kouyate. Le conteur Burkinabé décrit la musique comme un agrément pas forcément nécessaire au conte. Cela dépendrait plutôt de l’intention du conteur et de la tonalité du conte.
Mais encore, que serait le conte sans musique ? Est-ce que par musique, l’on doit forcément comprendre l’apport d’un instrument mécanique émettant des notes harmonieuses ? La musicalité réside-t-elle seulement dans l’instrument ou aussi dans l’agencement des mots, dans les intonations du conteur. De ce fait, le conte ne pourrait-il pas être, en lui-même, dans sa construction, une musique à part entière ? Généralement, les contes en Afrique ont des formules d’appel pour lancer le récit, pour inviter l’auditoire à entrer dans le récit. Cela se décline parfois sous la forme d’un chant. Et parlant de chant, on en rencontre parfois plusieurs au cours du même conte. N’est-ce pas toujours de la musique ? Même si dans ce cas, ce chant peut être compris comme la musique au sens premier, agrément du récit, parce que la voix est considérée comme un instrument de musique, il n’en demeure pas moins que c’est une prolongation humaine et non mécanique du récit.
Les conteurs africains, puisant dans l’ancestrale tradition orale, se transforment en des instruments en chair et en os. Ils ont ainsi enrichi leurs narrations d’onomatopées, reproduisant avec leur bouche les sons du quotidien. Ils se sont ainsi mis dans la peau des choses, des animaux, parce le conte brise les frontières entre les genres, pour créer un univers onirique où s’entremêlent hommes, bêtes, créatures imaginaires. Tout cela pour, à la manière allégorique de la fable, représenter surtout des sentiments et des états d’esprit. Alors, il n’est pas étonnant d’écouter un conteur se métamorphoser phonétiquement en oiseau, en hibou, croasser, caqueter, rugir, aboyer…Ces sons ont par ailleurs vocation d’assurer le côté musique du conte, sans qu’on ne soit obligé de recourir à des instruments de musique.
Et comme l’a noté François Bingono Bingono lors de la conférence, le conte et le tam-tam ont en fait la même finalité, celle de communiquer. Et le principal signe transmis dans la communication est le son, articulé ou inarticulé.
Toumani Kouyaté a souligné que ces deux éléments sont des parties et canaux d’un tout, la parole. Alors, si Toumani Kouyaté dit qu’une vie sans conte n’existe pas, osons dire pour notre part qu’un conte sans musique, ça n’existe pas. Parce que le conte est musique.
Et à ne jamais oublier, tout cela n’est que parole. Tout cela n’est que verbe. Et le verbe est créateur.
Rita Diba
Trois conteurs pour un album : Rencontres et Fusion de feeling
Incollables séducteurs de la parole, texte constamment retouché, une rythmique qui cherche son accord final. Un trio magique, KPG, Hardos Massamba et Christian Koulnodji. Ces trois jeunes conteurs venus de trois pays bien différents, Burkina Faso, Congo et Tchad, pour une rencontre artistique de charme, ont composé un titre qui a agrémenté les spectacles durant le festival. A la faveur du thème « Contes et Musique » qui a sous-tendu toutes les activités de cette édition du Festmoc, ils se sont sentis investis d’une inspiration musicale profondément enchanteresse. Cette alchimie musicale s’est manifestée dans la maîtrise par chacun, d’un instrument précis. Guitare pour le Congolais, cithare pour le Tchadien et n’goni pour le Burkinabé.
De par sa perspicacité, Hardos Massamba a facilité la fusion de ces créateurs des œuvres de l’esprit à ses côtés. « J’ai constaté que nous avions en commun une passion pour la musique, et que les spectacles donnés aux enfants étaient très animés. On se sentait très proches », a-t-il expliqué. Guitare en bandoulière, le jeune Congolais s’est rapproché des autres au cours de leurs spectacles programmés dans les établissements scolaires. De cette union, l’on a écouté des titres envoûtants comme « Afrique » qui est devenu, le temps du festival, l’hymne de l’édition. C’est aussi un appel à l’engagement artistique, une interpellation d’une société plus humaniste et solidaire. Près de là, un chorus de chansons sur un swing singulier, avec une souplesse dans l’interprétation, a salué la participation de la conteuse Taliké Géllé, qui a introduit les polyphonies très enlevées de son Madagascar natal.
Le tam-tam d’Eric Mitchikpe du Togo aura aussi permis de découvrir un autre type de folklore. Tout ce cocktail de cultures différentes augure des lendemains meilleurs. La rencontre se poursuivra sans doute au Burkina Faso sur l’invitation de KPG, et le challenge de réaliser un album sera matérialisé.
MEN
De par sa perspicacité, Hardos Massamba a facilité la fusion de ces créateurs des œuvres de l’esprit à ses côtés. « J’ai constaté que nous avions en commun une passion pour la musique, et que les spectacles donnés aux enfants étaient très animés. On se sentait très proches », a-t-il expliqué. Guitare en bandoulière, le jeune Congolais s’est rapproché des autres au cours de leurs spectacles programmés dans les établissements scolaires. De cette union, l’on a écouté des titres envoûtants comme « Afrique » qui est devenu, le temps du festival, l’hymne de l’édition. C’est aussi un appel à l’engagement artistique, une interpellation d’une société plus humaniste et solidaire. Près de là, un chorus de chansons sur un swing singulier, avec une souplesse dans l’interprétation, a salué la participation de la conteuse Taliké Géllé, qui a introduit les polyphonies très enlevées de son Madagascar natal.
Le tam-tam d’Eric Mitchikpe du Togo aura aussi permis de découvrir un autre type de folklore. Tout ce cocktail de cultures différentes augure des lendemains meilleurs. La rencontre se poursuivra sans doute au Burkina Faso sur l’invitation de KPG, et le challenge de réaliser un album sera matérialisé.
MEN
Du son pour diffuser la parole.
Le koi-koi s’est laissé façonner à Mboa Manga par les conteurs.
Un morceau de bambou de raphia sans nœud, une scie et un poinçon, sont les matériaux et outils qui ont servi à une dizaine d’artistes, du 09 au 12 novembre 2007, lors de l’atelier de fabrication du koi-koi, instrument d’accompagnement traditionnel utilisé dans l’Ouest Cameroun. D’abord, il a fallu se mettre d’accord sur les mesures du koi-koi. Pas besoin, la longueur de l’instrument dépend de chacun. Du moment, et c’est le plus important, que le musicien arrive à bien se servir de son instrument.
Pour la fabrication proprement dite, la première étape consiste à choisir une largeur pour percer et scier un trait sur le morceau de bambou à une distance des deux bouts pour enlever la moelle. Dans la deuxième étape, il faut creuser à l’aide du poinçon pour que la caisse de résonance soit profonde.
Dans cette opération, plus la cavité est grande, mieux le son est résonnant, avec à la clé la possibilité d’en fabriquer avec un vibratoire. Par ailleurs, on peut aussi décorer le koi-koi. Mais, pour lisser la cavité, il faut utiliser le feu pour brûler
l’intérieur afin d’enlever les brindilles puis tracer des traits en les renforçant avec la scie sur un côté de la fente.
Le résultat à l’issue de toutes ces étapes sus-citées a permis à chaque participant de fabriquer son instrument si bien que certains se sont exercés à le faire grincer avec un métal en nœud. Des sons que beaucoup parmi eux pourraient certainement coller sur leurs créations.
Un morceau de bambou de raphia sans nœud, une scie et un poinçon, sont les matériaux et outils qui ont servi à une dizaine d’artistes, du 09 au 12 novembre 2007, lors de l’atelier de fabrication du koi-koi, instrument d’accompagnement traditionnel utilisé dans l’Ouest Cameroun. D’abord, il a fallu se mettre d’accord sur les mesures du koi-koi. Pas besoin, la longueur de l’instrument dépend de chacun. Du moment, et c’est le plus important, que le musicien arrive à bien se servir de son instrument.
Pour la fabrication proprement dite, la première étape consiste à choisir une largeur pour percer et scier un trait sur le morceau de bambou à une distance des deux bouts pour enlever la moelle. Dans la deuxième étape, il faut creuser à l’aide du poinçon pour que la caisse de résonance soit profonde.
Dans cette opération, plus la cavité est grande, mieux le son est résonnant, avec à la clé la possibilité d’en fabriquer avec un vibratoire. Par ailleurs, on peut aussi décorer le koi-koi. Mais, pour lisser la cavité, il faut utiliser le feu pour brûler
l’intérieur afin d’enlever les brindilles puis tracer des traits en les renforçant avec la scie sur un côté de la fente.
Le résultat à l’issue de toutes ces étapes sus-citées a permis à chaque participant de fabriquer son instrument si bien que certains se sont exercés à le faire grincer avec un métal en nœud. Des sons que beaucoup parmi eux pourraient certainement coller sur leurs créations.
Entretien avec Jasmin Songouang, encadreur de l’atelier sur le koi-koi.
Malgré le break imposé par dame pluie le deuxième jour de l’atelier, quelques participants à l’atelier ont peaufiné leur travail.
En tant que fabriquant d’instruments traditionnels, pourquoi avoir porté votre choix sur le Koi-koi ?
Au départ, on avait proposé la fabrication de deux instruments, la sanza, dans sa plus simple forme de fabrication, et le koi-koi. Le koi-koi en ma langue c’est « Koua koua » dû aux onomatopées qui expriment la pratique de l’instrument. On a donc adopté la fabrication du koi-koi, d’abord parce qu’il était plus accessible par rapport à l’obtention du matériel de fabrication. Ensuite, les explications sont faciles à comprendre par les apprenants dès la première démonstration, et enfin son utilisation est adaptée à tous genres de musique et chacun peut l’utiliser selon sa sensibilité et sa convenance. Une impression positive. C’est un apport. Voici un stagiaire qui va rentrer avec son
instrument chez lui et qui, me dit-il, va le garder comme souvenir du Cameroun au Tchad. C’est chacun qui veut recevoir définitivement cette leçon et cela fait un apport pour le festival. Spirituellement, chacun a apporté un plus et, en contrepartie, est reparti avec un ajout matériel.
Après cette formation si brève, quelle impression gardez-vous de vos stagiaires ?
Quel est à votre avis l’incidence du koi-koi sur un conte ?
Cela peut servir d’accessoire comme tout autre instrument musical. Cela peut aider à l’expression qu’un conteur aimerait avoir sur son œuvre. Cela laisse un champ d’ouverture à l’utilisation d’instruments d’accompagnement sur le conte.
Yvette MBOGO
Au départ, on avait proposé la fabrication de deux instruments, la sanza, dans sa plus simple forme de fabrication, et le koi-koi. Le koi-koi en ma langue c’est « Koua koua » dû aux onomatopées qui expriment la pratique de l’instrument. On a donc adopté la fabrication du koi-koi, d’abord parce qu’il était plus accessible par rapport à l’obtention du matériel de fabrication. Ensuite, les explications sont faciles à comprendre par les apprenants dès la première démonstration, et enfin son utilisation est adaptée à tous genres de musique et chacun peut l’utiliser selon sa sensibilité et sa convenance. Une impression positive. C’est un apport. Voici un stagiaire qui va rentrer avec son
instrument chez lui et qui, me dit-il, va le garder comme souvenir du Cameroun au Tchad. C’est chacun qui veut recevoir définitivement cette leçon et cela fait un apport pour le festival. Spirituellement, chacun a apporté un plus et, en contrepartie, est reparti avec un ajout matériel.
Après cette formation si brève, quelle impression gardez-vous de vos stagiaires ?
Quel est à votre avis l’incidence du koi-koi sur un conte ?
Cela peut servir d’accessoire comme tout autre instrument musical. Cela peut aider à l’expression qu’un conteur aimerait avoir sur son œuvre. Cela laisse un champ d’ouverture à l’utilisation d’instruments d’accompagnement sur le conte.
Yvette MBOGO
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