dimanche 27 juillet 2008
LA PLACE DE LA PAROLE
Les arts de la parole se frayent de plus en plus un espace dans l’univers des arts du spectacle vivant. A travers le FESTMOC, festival international, nous pensons pouvoir mener une action militante dans la dynamique de survie de l’oralité. Car, si la parole cesse d’exister, la mutité s’installe. Et plus de communication. La place de la parole dans toute société est incontournable et encore plus fondamentale en Afrique. En effet, c’est le seul argument valable qui nous lie et nous réunit autour de l’arbre à palabres. Une visibilité forte devrait être accordée à la parole dans l’ensemble de nos réalisations vis-à-vis de ceux qui nous écoutent, vis-à-vis de ceux qui nous soutiennent. Car la littérature orale connaît une grande richesse de contes, légendes, épopées, devinettes, proverbes, fables, chantefables dont la fonction ne tient pas seulement du simple divertissement. Bien plus, elle recèle d’un dynamisme pédagogique par les enseignements qui en découlent. Cela est une richesse immense dans la mesure où elle apporte à nos populations une dynamique dans les différents programmes de promotion du changement et du développement des mentalités nouvelles.
Le FESTIVAL LES MOMENTS CONTE (FESTMOC), cette année, une fois de plus, s’installe dans cette mouvance qui est celle de la défense des carrières artistiques et la continuité dans la mise en place d’un véritable marché de pérennisation de la culture orale à travers la diversité des conteurs invités à cette 8è édition. En effet le FESTMOC voudrait s’imposer comme une vitrine des arts de la parole offrant de nombreuses possibilités aux artistes de se
faire connaître et surtout d’intervenir dans toutes les scènes internationales.
Le FESTIVAL LES MOMENTS CONTE (FESTMOC), cette année, une fois de plus, s’installe dans cette mouvance qui est celle de la défense des carrières artistiques et la continuité dans la mise en place d’un véritable marché de pérennisation de la culture orale à travers la diversité des conteurs invités à cette 8è édition. En effet le FESTMOC voudrait s’imposer comme une vitrine des arts de la parole offrant de nombreuses possibilités aux artistes de se
faire connaître et surtout d’intervenir dans toutes les scènes internationales.
Le FESTMOC 2007 se donne trois grands mots : « rencontres, échanges, divertissement ». Du 06 au 15 novembre 2007, pendant une dizaine de jours, et dans 3 sites différents du Cameroun (Yaoundé-Kribi-Sa’a), et autour de la thématique « contes et musiques », plus d’une vingtaine d’ouvriers du verbe, venant d’Afrique, de France et d’Amérique, se déploient autour d’activités diverses, tels des ateliers de formation sur le conte et sur la fabrication d’instruments de musique traditionnels, des rencontres professionnelles, des conférences et des excursions touristiques, des interventions contes, pour magnifier la force de la parole. Un accent particulier a effectivement été mis cette année sur la musicalité dans le conte, car il a été noté que celle-ci occupait de plus en plus un espace dans nos interventions.
Nous profitons de cette vitrine qui nous est offerte pour remercier tous nos partenaires institutionnels, en l’occurrence le Ministère de la Culture, la Mairie de Sa’a, l’Organisation Internationale de la Francophonie, la Fondation Prince Claus, Art Moves Africa, et tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont aidé dans la mise en place de cette huitième édition.
Le comité d’organisation du FESTMOC 2007 souhaite la bienvenue à tous les artistes et formateurs, et les encourage à passer un agréable séjour parmi nous. Place aux conteurs. Place à la parole porteuse de richesse!
Le comité d’organisation du FESTMOC 2007 souhaite la bienvenue à tous les artistes et formateurs, et les encourage à passer un agréable séjour parmi nous. Place aux conteurs. Place à la parole porteuse de richesse!
Léonard Logmo. Directeur du Festival.
Festmoc 2007 : L’histoire fut belle
Les flûtes se sont tues. Les tam-tams ont cessé de résonner. Cris d’oiseaux, forêts qui rient, arbres qui murmurent, nuits qui chantent, feux qui éclairent… Tout cela a pris fin le 15 novembre 2007. Lorsque le festival Les moments conte (Festmoc) a éteint les lampes-tempête de sa huitième édition.
Tout a commencé neuf jours, ou dix, cela dépend de la manière de compter, auparavant. Le 06 novembre à vrai dire. Pour participer au festival, de nombreux horizons ont été conviés. Burkina Faso, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, Congo, Centrafrique, Madagascar, Tchad, Togo, France, Canada, Pérou, et bien sûr, Cameroun. Pour son souffle de vie numéro huit, le Festmoc s’est enveloppé dans le thème « Contes et musique ». Une musique qui aura rythmé tout le parcours du Festmoc, avec notamment une tripartite musicale, KPG du Burkina Faso, Hardos Massamba du Congo et Christian Koulnodji du Tchad, qui auront enfanté une chanson devenue l’hymne du festival, Afrique.
Mais musique mise de côté, le festival a commencé par un autre événement. Un événement qui rappelle que la parole est au centre de tout, l’atelier sur le patrimoine oral, animé par le conteur burkinabé et grand habitué de l’évènement, Toumani Kouyaté. Lieu de déroulement des actions, Centre culturel français de Yaoundé. D’ailleurs, le premier acte du festival, rencontres professionnelles et spectacles, avait pour scène la capitale politique. Les deux autres actes se tiendront à Kribi et à Sa’a. Après trois jours de travaux donc au CCF, les participants, issus de la multi nationalité, en ressortiront édifiés. Ils auront appris comment élaborer leur texte, comment le rendre, dans un but de symbiose avec l’auditoire. Attitudes, intonations, tout a été passé en revue.
Entre-temps, de l’autre côté de la ville, le 08 novembre 2007 plus exactement, la musique entrait véritablement en piste. Le journaliste, enseignant et homme de culture, François Bingono Bingono a pris place à la Maison des savoirs d’Etoudi pour diriger la conférence sur le thème « Contes et tam-tam ». De là, il en ressortira que le premier sans le dernier est sans épices.
Le 09 novembre, toute l’équipe prend la direction de Kribi pour la deuxième étape du festival. Au programme, l’atelier de fabrication d’un instrument de musique, le koi-koi. Atelier au bord de la mer, la tête sous les palmiers qui bordent l’Atlantique. Et pour terminer ce tableau idyllique, les sons qui s’échapperont des koi-koi fabriqués. Sans oublier l’excursion aux chutes de la Lobé. Mais l’idyllique ne sera pas de tous les instants. Difficultés à rencontrer les autorités locales, à trouver une scène pour se produire, ce qui sera possible finalement, difficultés aussi à trouver l’adhésion du public. Et l’enfer servira de transition entre Kribi et Sa’a.
L’entrée dans ce troisième acte se déroulera dans la souffrance et la fatigue dues aux mauvaises conditions de voyage, et à l’arrivée dans le noir absolu. Mais ne dit-on pas que bien étroite la porte qui mène au paradis ? Et parlant de paradis, Sa’a en sera un. La symbiose avec le public, adultes, élèves du secondaire comme du primaire, accueil chaleureux. Tant chez le Pr Sévérin Cécil Abega, à Ntomb Lebel, où certains artistes se produiront, et seront même logés, qu’à Sa’a hôtel et d’autres structures d’accueil. L’équipe du Festmoc aura même droit à une cérémonie d’ouverture officielle du festival.
Et si des limites ont pu être notées, elles seront attribuées notamment au manque de moyens financiers, vu l’absence d’implication réelle des partenaires. Cela aura déteint sur l’organisation du festival qui a été obligée de connaître quelques cahots. Cahots qui ont été soulignés dans de franches discussions lors d’une rencontre entre professionnels. Ces contretemps n’empêcheront cependant pas le Festmoc de poursuivre son bonhomme de chemin. Espérons qu’en fin de compte, un joli conte en découlera.
Rita Diba
Tout a commencé neuf jours, ou dix, cela dépend de la manière de compter, auparavant. Le 06 novembre à vrai dire. Pour participer au festival, de nombreux horizons ont été conviés. Burkina Faso, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, Congo, Centrafrique, Madagascar, Tchad, Togo, France, Canada, Pérou, et bien sûr, Cameroun. Pour son souffle de vie numéro huit, le Festmoc s’est enveloppé dans le thème « Contes et musique ». Une musique qui aura rythmé tout le parcours du Festmoc, avec notamment une tripartite musicale, KPG du Burkina Faso, Hardos Massamba du Congo et Christian Koulnodji du Tchad, qui auront enfanté une chanson devenue l’hymne du festival, Afrique.
Mais musique mise de côté, le festival a commencé par un autre événement. Un événement qui rappelle que la parole est au centre de tout, l’atelier sur le patrimoine oral, animé par le conteur burkinabé et grand habitué de l’évènement, Toumani Kouyaté. Lieu de déroulement des actions, Centre culturel français de Yaoundé. D’ailleurs, le premier acte du festival, rencontres professionnelles et spectacles, avait pour scène la capitale politique. Les deux autres actes se tiendront à Kribi et à Sa’a. Après trois jours de travaux donc au CCF, les participants, issus de la multi nationalité, en ressortiront édifiés. Ils auront appris comment élaborer leur texte, comment le rendre, dans un but de symbiose avec l’auditoire. Attitudes, intonations, tout a été passé en revue.
Entre-temps, de l’autre côté de la ville, le 08 novembre 2007 plus exactement, la musique entrait véritablement en piste. Le journaliste, enseignant et homme de culture, François Bingono Bingono a pris place à la Maison des savoirs d’Etoudi pour diriger la conférence sur le thème « Contes et tam-tam ». De là, il en ressortira que le premier sans le dernier est sans épices.
Le 09 novembre, toute l’équipe prend la direction de Kribi pour la deuxième étape du festival. Au programme, l’atelier de fabrication d’un instrument de musique, le koi-koi. Atelier au bord de la mer, la tête sous les palmiers qui bordent l’Atlantique. Et pour terminer ce tableau idyllique, les sons qui s’échapperont des koi-koi fabriqués. Sans oublier l’excursion aux chutes de la Lobé. Mais l’idyllique ne sera pas de tous les instants. Difficultés à rencontrer les autorités locales, à trouver une scène pour se produire, ce qui sera possible finalement, difficultés aussi à trouver l’adhésion du public. Et l’enfer servira de transition entre Kribi et Sa’a.
L’entrée dans ce troisième acte se déroulera dans la souffrance et la fatigue dues aux mauvaises conditions de voyage, et à l’arrivée dans le noir absolu. Mais ne dit-on pas que bien étroite la porte qui mène au paradis ? Et parlant de paradis, Sa’a en sera un. La symbiose avec le public, adultes, élèves du secondaire comme du primaire, accueil chaleureux. Tant chez le Pr Sévérin Cécil Abega, à Ntomb Lebel, où certains artistes se produiront, et seront même logés, qu’à Sa’a hôtel et d’autres structures d’accueil. L’équipe du Festmoc aura même droit à une cérémonie d’ouverture officielle du festival.
Et si des limites ont pu être notées, elles seront attribuées notamment au manque de moyens financiers, vu l’absence d’implication réelle des partenaires. Cela aura déteint sur l’organisation du festival qui a été obligée de connaître quelques cahots. Cahots qui ont été soulignés dans de franches discussions lors d’une rencontre entre professionnels. Ces contretemps n’empêcheront cependant pas le Festmoc de poursuivre son bonhomme de chemin. Espérons qu’en fin de compte, un joli conte en découlera.
Rita Diba
Le tam-tam donne de la vie au conte
Que serait le conte sans musique ? Sur cette question, le journaliste, homme de théâtre et par ailleurs enseignant à l’université de Yaoundé I, a entretenu les artistes, invités et journalistes conviés à cette rencontre du 08 novembre 2007 à La maison des Savoirs. Sur le thème spécifique « contes et tam-tam », il ressort que le conte et le tam-tam sont des moyens de communication. Mais dans les arts de l’oralité, le premier sans le deuxième serait ennuyeux selon les anciens.
Le conte, explique l’animateur, peut être présenté comme un récit imaginaire ou fictif, qui raconte une aventure et fait intervenir les éléments de la faune et de la flore. Dans le conte, il y a une information ludique, dans laquelle on réforme ou on diffuse des leçons pour la bonne évolution de la société. De ce fait, il se présente ici comme un média.
Le tam-tam dans sa forme, représente un être humain, couché sur le dos. Ouvert, il faut le battre pour le faire résonner. Dans les sociétés traditionnelles, il sert à communiquer à 10 km à la ronde et il y a un relais qui continue de diffuser le message aux clans avoisinants. Doté de valeurs anthropologiques, c’est un communicateur dans les sociétés bantoues. Il peut aussi revêtir une fonction divertissante par la diffusion de la musique qui vient agrémenter le récit du conteur.
Y a-t-il un rapport interrelationnel entre le conte et le tam-tam ? Certainement, car les accointances comme on peut le constater résident dans la diffusion de l’information. Le conteur, lui, va diffuser la parole ; tandis que le tam-tam va cesser d’être un outil pour devenir un être humain. Or, l’être humain qui dit un conte se transforme en un communicateur. A ce moment, le tam-tam cesse d’être un objet parce qu’il a la possibilité de se calquer sur la langue bantoue par le principe d’alternance de haut et de bas. Le conteur est un communicateur humain. Le tam-tam est un communicateur aussi, mais non humain de par sa manière de dire le discours.
Le conte africain allie chant, danse, musique et parole poétique et le tam-tam renforce la communication.
Le tam-tam dans sa forme, représente un être humain, couché sur le dos. Ouvert, il faut le battre pour le faire résonner. Dans les sociétés traditionnelles, il sert à communiquer à 10 km à la ronde et il y a un relais qui continue de diffuser le message aux clans avoisinants. Doté de valeurs anthropologiques, c’est un communicateur dans les sociétés bantoues. Il peut aussi revêtir une fonction divertissante par la diffusion de la musique qui vient agrémenter le récit du conteur.
Y a-t-il un rapport interrelationnel entre le conte et le tam-tam ? Certainement, car les accointances comme on peut le constater résident dans la diffusion de l’information. Le conteur, lui, va diffuser la parole ; tandis que le tam-tam va cesser d’être un outil pour devenir un être humain. Or, l’être humain qui dit un conte se transforme en un communicateur. A ce moment, le tam-tam cesse d’être un objet parce qu’il a la possibilité de se calquer sur la langue bantoue par le principe d’alternance de haut et de bas. Le conteur est un communicateur humain. Le tam-tam est un communicateur aussi, mais non humain de par sa manière de dire le discours.
Le conte africain allie chant, danse, musique et parole poétique et le tam-tam renforce la communication.
Associer ces deux outils amène à créer le principe de la double communicabilité. Car le conteur est un maître de la parole mais il doit toujours associer l’action des tambourinaires.
Yvette MBOGO
Yvette MBOGO
Tout est parole.
« Contes et musique », le principal thème du Festmoc 2007 aura remué bien des méninges.
Que serait le conte sans musique ? Lors de la conférence sur le thème plus spécifique de « contes et tam-tam », animée par François Bingono Bingono, le 08 novembre 2007, le journaliste et homme de culture a affirmé que selon les anciens, le conte serait fade sans le tam-tam. Un autre avis, c’est celui de Toumani Kouyate. Le conteur Burkinabé décrit la musique comme un agrément pas forcément nécessaire au conte. Cela dépendrait plutôt de l’intention du conteur et de la tonalité du conte.
Mais encore, que serait le conte sans musique ? Est-ce que par musique, l’on doit forcément comprendre l’apport d’un instrument mécanique émettant des notes harmonieuses ? La musicalité réside-t-elle seulement dans l’instrument ou aussi dans l’agencement des mots, dans les intonations du conteur. De ce fait, le conte ne pourrait-il pas être, en lui-même, dans sa construction, une musique à part entière ? Généralement, les contes en Afrique ont des formules d’appel pour lancer le récit, pour inviter l’auditoire à entrer dans le récit. Cela se décline parfois sous la forme d’un chant. Et parlant de chant, on en rencontre parfois plusieurs au cours du même conte. N’est-ce pas toujours de la musique ? Même si dans ce cas, ce chant peut être compris comme la musique au sens premier, agrément du récit, parce que la voix est considérée comme un instrument de musique, il n’en demeure pas moins que c’est une prolongation humaine et non mécanique du récit.
Les conteurs africains, puisant dans l’ancestrale tradition orale, se transforment en des instruments en chair et en os. Ils ont ainsi enrichi leurs narrations d’onomatopées, reproduisant avec leur bouche les sons du quotidien. Ils se sont ainsi mis dans la peau des choses, des animaux, parce le conte brise les frontières entre les genres, pour créer un univers onirique où s’entremêlent hommes, bêtes, créatures imaginaires. Tout cela pour, à la manière allégorique de la fable, représenter surtout des sentiments et des états d’esprit. Alors, il n’est pas étonnant d’écouter un conteur se métamorphoser phonétiquement en oiseau, en hibou, croasser, caqueter, rugir, aboyer…Ces sons ont par ailleurs vocation d’assurer le côté musique du conte, sans qu’on ne soit obligé de recourir à des instruments de musique.
Et comme l’a noté François Bingono Bingono lors de la conférence, le conte et le tam-tam ont en fait la même finalité, celle de communiquer. Et le principal signe transmis dans la communication est le son, articulé ou inarticulé.
Toumani Kouyaté a souligné que ces deux éléments sont des parties et canaux d’un tout, la parole. Alors, si Toumani Kouyaté dit qu’une vie sans conte n’existe pas, osons dire pour notre part qu’un conte sans musique, ça n’existe pas. Parce que le conte est musique.
Et à ne jamais oublier, tout cela n’est que parole. Tout cela n’est que verbe. Et le verbe est créateur.
Rita Diba
Que serait le conte sans musique ? Lors de la conférence sur le thème plus spécifique de « contes et tam-tam », animée par François Bingono Bingono, le 08 novembre 2007, le journaliste et homme de culture a affirmé que selon les anciens, le conte serait fade sans le tam-tam. Un autre avis, c’est celui de Toumani Kouyate. Le conteur Burkinabé décrit la musique comme un agrément pas forcément nécessaire au conte. Cela dépendrait plutôt de l’intention du conteur et de la tonalité du conte.
Mais encore, que serait le conte sans musique ? Est-ce que par musique, l’on doit forcément comprendre l’apport d’un instrument mécanique émettant des notes harmonieuses ? La musicalité réside-t-elle seulement dans l’instrument ou aussi dans l’agencement des mots, dans les intonations du conteur. De ce fait, le conte ne pourrait-il pas être, en lui-même, dans sa construction, une musique à part entière ? Généralement, les contes en Afrique ont des formules d’appel pour lancer le récit, pour inviter l’auditoire à entrer dans le récit. Cela se décline parfois sous la forme d’un chant. Et parlant de chant, on en rencontre parfois plusieurs au cours du même conte. N’est-ce pas toujours de la musique ? Même si dans ce cas, ce chant peut être compris comme la musique au sens premier, agrément du récit, parce que la voix est considérée comme un instrument de musique, il n’en demeure pas moins que c’est une prolongation humaine et non mécanique du récit.
Les conteurs africains, puisant dans l’ancestrale tradition orale, se transforment en des instruments en chair et en os. Ils ont ainsi enrichi leurs narrations d’onomatopées, reproduisant avec leur bouche les sons du quotidien. Ils se sont ainsi mis dans la peau des choses, des animaux, parce le conte brise les frontières entre les genres, pour créer un univers onirique où s’entremêlent hommes, bêtes, créatures imaginaires. Tout cela pour, à la manière allégorique de la fable, représenter surtout des sentiments et des états d’esprit. Alors, il n’est pas étonnant d’écouter un conteur se métamorphoser phonétiquement en oiseau, en hibou, croasser, caqueter, rugir, aboyer…Ces sons ont par ailleurs vocation d’assurer le côté musique du conte, sans qu’on ne soit obligé de recourir à des instruments de musique.
Et comme l’a noté François Bingono Bingono lors de la conférence, le conte et le tam-tam ont en fait la même finalité, celle de communiquer. Et le principal signe transmis dans la communication est le son, articulé ou inarticulé.
Toumani Kouyaté a souligné que ces deux éléments sont des parties et canaux d’un tout, la parole. Alors, si Toumani Kouyaté dit qu’une vie sans conte n’existe pas, osons dire pour notre part qu’un conte sans musique, ça n’existe pas. Parce que le conte est musique.
Et à ne jamais oublier, tout cela n’est que parole. Tout cela n’est que verbe. Et le verbe est créateur.
Rita Diba
Trois conteurs pour un album : Rencontres et Fusion de feeling
Incollables séducteurs de la parole, texte constamment retouché, une rythmique qui cherche son accord final. Un trio magique, KPG, Hardos Massamba et Christian Koulnodji. Ces trois jeunes conteurs venus de trois pays bien différents, Burkina Faso, Congo et Tchad, pour une rencontre artistique de charme, ont composé un titre qui a agrémenté les spectacles durant le festival. A la faveur du thème « Contes et Musique » qui a sous-tendu toutes les activités de cette édition du Festmoc, ils se sont sentis investis d’une inspiration musicale profondément enchanteresse. Cette alchimie musicale s’est manifestée dans la maîtrise par chacun, d’un instrument précis. Guitare pour le Congolais, cithare pour le Tchadien et n’goni pour le Burkinabé.
De par sa perspicacité, Hardos Massamba a facilité la fusion de ces créateurs des œuvres de l’esprit à ses côtés. « J’ai constaté que nous avions en commun une passion pour la musique, et que les spectacles donnés aux enfants étaient très animés. On se sentait très proches », a-t-il expliqué. Guitare en bandoulière, le jeune Congolais s’est rapproché des autres au cours de leurs spectacles programmés dans les établissements scolaires. De cette union, l’on a écouté des titres envoûtants comme « Afrique » qui est devenu, le temps du festival, l’hymne de l’édition. C’est aussi un appel à l’engagement artistique, une interpellation d’une société plus humaniste et solidaire. Près de là, un chorus de chansons sur un swing singulier, avec une souplesse dans l’interprétation, a salué la participation de la conteuse Taliké Géllé, qui a introduit les polyphonies très enlevées de son Madagascar natal.
Le tam-tam d’Eric Mitchikpe du Togo aura aussi permis de découvrir un autre type de folklore. Tout ce cocktail de cultures différentes augure des lendemains meilleurs. La rencontre se poursuivra sans doute au Burkina Faso sur l’invitation de KPG, et le challenge de réaliser un album sera matérialisé.
MEN
De par sa perspicacité, Hardos Massamba a facilité la fusion de ces créateurs des œuvres de l’esprit à ses côtés. « J’ai constaté que nous avions en commun une passion pour la musique, et que les spectacles donnés aux enfants étaient très animés. On se sentait très proches », a-t-il expliqué. Guitare en bandoulière, le jeune Congolais s’est rapproché des autres au cours de leurs spectacles programmés dans les établissements scolaires. De cette union, l’on a écouté des titres envoûtants comme « Afrique » qui est devenu, le temps du festival, l’hymne de l’édition. C’est aussi un appel à l’engagement artistique, une interpellation d’une société plus humaniste et solidaire. Près de là, un chorus de chansons sur un swing singulier, avec une souplesse dans l’interprétation, a salué la participation de la conteuse Taliké Géllé, qui a introduit les polyphonies très enlevées de son Madagascar natal.
Le tam-tam d’Eric Mitchikpe du Togo aura aussi permis de découvrir un autre type de folklore. Tout ce cocktail de cultures différentes augure des lendemains meilleurs. La rencontre se poursuivra sans doute au Burkina Faso sur l’invitation de KPG, et le challenge de réaliser un album sera matérialisé.
MEN
Du son pour diffuser la parole.
Le koi-koi s’est laissé façonner à Mboa Manga par les conteurs.
Un morceau de bambou de raphia sans nœud, une scie et un poinçon, sont les matériaux et outils qui ont servi à une dizaine d’artistes, du 09 au 12 novembre 2007, lors de l’atelier de fabrication du koi-koi, instrument d’accompagnement traditionnel utilisé dans l’Ouest Cameroun. D’abord, il a fallu se mettre d’accord sur les mesures du koi-koi. Pas besoin, la longueur de l’instrument dépend de chacun. Du moment, et c’est le plus important, que le musicien arrive à bien se servir de son instrument.
Pour la fabrication proprement dite, la première étape consiste à choisir une largeur pour percer et scier un trait sur le morceau de bambou à une distance des deux bouts pour enlever la moelle. Dans la deuxième étape, il faut creuser à l’aide du poinçon pour que la caisse de résonance soit profonde.
Dans cette opération, plus la cavité est grande, mieux le son est résonnant, avec à la clé la possibilité d’en fabriquer avec un vibratoire. Par ailleurs, on peut aussi décorer le koi-koi. Mais, pour lisser la cavité, il faut utiliser le feu pour brûler
l’intérieur afin d’enlever les brindilles puis tracer des traits en les renforçant avec la scie sur un côté de la fente.
Le résultat à l’issue de toutes ces étapes sus-citées a permis à chaque participant de fabriquer son instrument si bien que certains se sont exercés à le faire grincer avec un métal en nœud. Des sons que beaucoup parmi eux pourraient certainement coller sur leurs créations.
Un morceau de bambou de raphia sans nœud, une scie et un poinçon, sont les matériaux et outils qui ont servi à une dizaine d’artistes, du 09 au 12 novembre 2007, lors de l’atelier de fabrication du koi-koi, instrument d’accompagnement traditionnel utilisé dans l’Ouest Cameroun. D’abord, il a fallu se mettre d’accord sur les mesures du koi-koi. Pas besoin, la longueur de l’instrument dépend de chacun. Du moment, et c’est le plus important, que le musicien arrive à bien se servir de son instrument.
Pour la fabrication proprement dite, la première étape consiste à choisir une largeur pour percer et scier un trait sur le morceau de bambou à une distance des deux bouts pour enlever la moelle. Dans la deuxième étape, il faut creuser à l’aide du poinçon pour que la caisse de résonance soit profonde.
Dans cette opération, plus la cavité est grande, mieux le son est résonnant, avec à la clé la possibilité d’en fabriquer avec un vibratoire. Par ailleurs, on peut aussi décorer le koi-koi. Mais, pour lisser la cavité, il faut utiliser le feu pour brûler
l’intérieur afin d’enlever les brindilles puis tracer des traits en les renforçant avec la scie sur un côté de la fente.
Le résultat à l’issue de toutes ces étapes sus-citées a permis à chaque participant de fabriquer son instrument si bien que certains se sont exercés à le faire grincer avec un métal en nœud. Des sons que beaucoup parmi eux pourraient certainement coller sur leurs créations.
Entretien avec Jasmin Songouang, encadreur de l’atelier sur le koi-koi.
Malgré le break imposé par dame pluie le deuxième jour de l’atelier, quelques participants à l’atelier ont peaufiné leur travail.
En tant que fabriquant d’instruments traditionnels, pourquoi avoir porté votre choix sur le Koi-koi ?
Au départ, on avait proposé la fabrication de deux instruments, la sanza, dans sa plus simple forme de fabrication, et le koi-koi. Le koi-koi en ma langue c’est « Koua koua » dû aux onomatopées qui expriment la pratique de l’instrument. On a donc adopté la fabrication du koi-koi, d’abord parce qu’il était plus accessible par rapport à l’obtention du matériel de fabrication. Ensuite, les explications sont faciles à comprendre par les apprenants dès la première démonstration, et enfin son utilisation est adaptée à tous genres de musique et chacun peut l’utiliser selon sa sensibilité et sa convenance. Une impression positive. C’est un apport. Voici un stagiaire qui va rentrer avec son
instrument chez lui et qui, me dit-il, va le garder comme souvenir du Cameroun au Tchad. C’est chacun qui veut recevoir définitivement cette leçon et cela fait un apport pour le festival. Spirituellement, chacun a apporté un plus et, en contrepartie, est reparti avec un ajout matériel.
Après cette formation si brève, quelle impression gardez-vous de vos stagiaires ?
Quel est à votre avis l’incidence du koi-koi sur un conte ?
Cela peut servir d’accessoire comme tout autre instrument musical. Cela peut aider à l’expression qu’un conteur aimerait avoir sur son œuvre. Cela laisse un champ d’ouverture à l’utilisation d’instruments d’accompagnement sur le conte.
Yvette MBOGO
Au départ, on avait proposé la fabrication de deux instruments, la sanza, dans sa plus simple forme de fabrication, et le koi-koi. Le koi-koi en ma langue c’est « Koua koua » dû aux onomatopées qui expriment la pratique de l’instrument. On a donc adopté la fabrication du koi-koi, d’abord parce qu’il était plus accessible par rapport à l’obtention du matériel de fabrication. Ensuite, les explications sont faciles à comprendre par les apprenants dès la première démonstration, et enfin son utilisation est adaptée à tous genres de musique et chacun peut l’utiliser selon sa sensibilité et sa convenance. Une impression positive. C’est un apport. Voici un stagiaire qui va rentrer avec son
instrument chez lui et qui, me dit-il, va le garder comme souvenir du Cameroun au Tchad. C’est chacun qui veut recevoir définitivement cette leçon et cela fait un apport pour le festival. Spirituellement, chacun a apporté un plus et, en contrepartie, est reparti avec un ajout matériel.
Après cette formation si brève, quelle impression gardez-vous de vos stagiaires ?
Quel est à votre avis l’incidence du koi-koi sur un conte ?
Cela peut servir d’accessoire comme tout autre instrument musical. Cela peut aider à l’expression qu’un conteur aimerait avoir sur son œuvre. Cela laisse un champ d’ouverture à l’utilisation d’instruments d’accompagnement sur le conte.
Yvette MBOGO
La parole fait naufrage à kribi.
Les conteurs ont eu du mal à s’exprimer
L’arrivée d’une quinzaine d’artistes dans le chef-lieu du département de l’Océan est restée pratiquement anonyme. Et pour cause, le contact avec les autorités administratives n’a pas été fluide. En dépit de l’absence de cette onction administrative, la suite du programme, avec comme prévu trois activités, a été respectée : un atelier, une excursion et un spectacle pour la date du 10 novembre 2007.
L’atelier sur la fabrication du koi-koi (instrument d’accompagnement) s’est déroulé en bordure de mer, non loin de la résidence où les festivaliers ont déposé leurs valises. Dans une atmosphère de convivialité, la quasi-totalité des participants ont pu se fabriquer chacun un koi-koi.
Vers le milieu de l’après-midi, les festivaliers ont effectué une excursion à une quinzaine de kilomètres de Kribi pour admirer les chutes de la Lobé, l’une des grandes attractions du coin. « Ce sont les seules chutes au monde qui tombent directement dans la mer », ont affirmé fièrement les autochtones.
L’arrivée d’une quinzaine d’artistes dans le chef-lieu du département de l’Océan est restée pratiquement anonyme. Et pour cause, le contact avec les autorités administratives n’a pas été fluide. En dépit de l’absence de cette onction administrative, la suite du programme, avec comme prévu trois activités, a été respectée : un atelier, une excursion et un spectacle pour la date du 10 novembre 2007.
L’atelier sur la fabrication du koi-koi (instrument d’accompagnement) s’est déroulé en bordure de mer, non loin de la résidence où les festivaliers ont déposé leurs valises. Dans une atmosphère de convivialité, la quasi-totalité des participants ont pu se fabriquer chacun un koi-koi.
Vers le milieu de l’après-midi, les festivaliers ont effectué une excursion à une quinzaine de kilomètres de Kribi pour admirer les chutes de la Lobé, l’une des grandes attractions du coin. « Ce sont les seules chutes au monde qui tombent directement dans la mer », ont affirmé fièrement les autochtones.
Le choix du lieu de spectacle n’a pas été aisé. C’est finalement le propriétaire du bar où les festivaliers ont consommé la veille qui a offert gracieusement sa devanture aux conteurs. Même le passage de Koumbha Abdon Fortuné (Kaf) du Congo, de Toumani kouyaté, et Kientega Pindenkwende Gérard (KPG) du Burkina Faso à la Beach FM, la chaîne émettant à Kribi et ses environs n’a pas eu un écho favorable sur les habitants. Ces derniers se sont contentés de consommer leur boisson en proférant des injures à l’endroit des artistes qui se produisaient sous un espace aménagé pour la circonstance en guise de scène. Furieux, Toumani a été obligé de prendre la parole pour leur expliquer le but de la présence des conteurs sur les lieux. En fin de compte, les clients ont participé au spectacle en nourrissant d’applaudissements et de répliques la prestation des uns et des autres. L’on ose croire que cette malheureuse expérience ne se reproduira plus lors des prochaines éditions.
Yvette MBOGO
L’oralité prend du galon à Sa’a.
Les prestations des conteurs ont rencontré l’adhésion du public.
Longue a été l’attente des conteurs à Kribi pour se rendre à Sa’a. Prévu à 11h, le départ a eu lieu à 15h. La dernière étape de la huitième édition du Festmoc n’a pas été de tout repos pour les artistes. Après de multiples arrêts, l’on est arrivé à destination à 21h, sous une pluie torrentielle. La ville rose baignait dans un noir total. En cette nuit sans électricité, malgré le long voyage et la fatigue, quelques artistes volontaires se sont tout de mêmes rendus à Ntomb Lebel, chez le Pr Sévérin Cécil Abéga où ils étaient attendus pour un spectacle.
Longue a été l’attente des conteurs à Kribi pour se rendre à Sa’a. Prévu à 11h, le départ a eu lieu à 15h. La dernière étape de la huitième édition du Festmoc n’a pas été de tout repos pour les artistes. Après de multiples arrêts, l’on est arrivé à destination à 21h, sous une pluie torrentielle. La ville rose baignait dans un noir total. En cette nuit sans électricité, malgré le long voyage et la fatigue, quelques artistes volontaires se sont tout de mêmes rendus à Ntomb Lebel, chez le Pr Sévérin Cécil Abéga où ils étaient attendus pour un spectacle.
Ainsi, Ntomb Lebel, Sa’a Hôtel, Collège Bullier, quelques écoles primaires et domiciles privés ont accueilli et découvert les récits, les légendes. Les légendes ou encore les devinettes des artistes venus du Burkina Faso, du Canada, du Congo, de la France, de Madagascar, du Tchad, du Togo, du Pérou, du Sénégal, du Mali, de la Cote d’Ivoire, de la RCA et du Cameroun.
La cérémonie d’ouverture officielle a eu lieu à la salle des fêtes de la mairie de Sa’a, sous la houlette des autorités administratives de la place, dont le sous-préfet, l’adjoint au maire, le commandant de brigade et le délégué provincial de la Culture pour le Centre. L’artiste Toumani Kouyaté, représentant des artistes, a interpellé les autorités sur la prise en considération des arts de la parole, arts auxquels il faut donner les moyens de se développer, en les vulgarisant.
Ici, l’activité « Conte chez l’habitant » a été effective. Elle a eu lieu chez Sévérin Cecil Abéga à Ntomb Lebel. Il a par ailleurs abrité une partie de l’équipe du Festmoc. « Le fils du précédent maire » a aussi reçu les conteurs chez lui, dans le cadre d’un spectacle. Le frère de l’hôte, Martin Abéga, conteur sous la première République, a déclamé des contes. Pour donner de l’énergie à la narration, un danseur a gratifié le public de ses contorsions.
Sa’a Hôtel a été pris d’assaut par les spectateurs de tous âges. Tous les soirs, ils sont venus soutenir les artistes. Même sous l’éclairage des lampes-tempête, l’espace n’a pas désempli. Le jeune conteur Joachim Fouda a ébloui les siens avec ses épopées.
Les artistes ont réalisé des prestations dans les établissements scolaires, les plus beaux moments ont été partagés avec les élèves du Collège Bullier à Nkol Mebanga. Ceux-ci ont participé activement à tous les spectacles et ont su établir une complicité avec tous les artistes qui sont passés sur la scène. Dans les écoles primaires, même si l’ambiance n’a pas été la même, l’on peut dire que les enfants ont vécu dans un univers magique le temps d’un spectacle. Avec un tel dynamisme, le Festmoc pourrait concentrer toutes ses activités dans la ville rose.
Yvette MBOGO
Le conte fait ses comptes!
Les légers couacs déjà observés pendant l’édition précédente sont devenus plus visibles lors du rendez-vous de 2007. Les dissensions internes, suite à la démission précoce de certains membres de l’organisation, ont gêné dans une certaine mesure toutes les stratégies de management mises sur pied par le directeur du festival, Léonard Logmo. Ainsi, l’ambiance constatée à la huitième édition de l’évènement a interpellé conteurs et organisateurs présents au rendez-vous annuel de conte au Cameroun, histoire de sauver les meubles.
Autour de Toumani Kouyaté, directeur du festival Yeelen Les Vestibules de la parole (France), se sont réunis des professionnels venus du Burkina Faso, Congo, Centrafrique, Togo, Madagascar, Tchad, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, France, Canada, Pérou, et du Cameroun pour relever les limites de l’organisation, évoquer la professionnalisation des festivals en Afrique, le statut du conteur et la création d’un réseau des professionnels des arts de l’oralité dans le cadre du Festmoc. En cette occasion, il a paru opportun aux conteurs de comprendre ce qui faisait ombrage au bon déroulement du festival; ces derniers n’ont pas manqué de donner avec objectivité leur avis sur l’organisation. Une attitude que Toumani Kouyaté trouve d’ailleurs « remarquable par la sincérité des propos. Les rencontres professionnelles initiées dans le cadre de ce festival sont, pour nous invités, un moment de se dire froidement les vérités et de poser les problèmes que rencontre l’art de l’oralité ». Ces travaux ont été un moyen de mettre en réseau les professionnels de
l’oralité. Et de jeter les bases d’un autre projet sur l’édition du recueil des contes d’Afrique, en vue d’assurer la pérennité de la littérature orale africaine. Les travaux du Pr. Charles Binam Bikoi, écrivain camerounais et spécialiste du conte, ont été cités en exemple. Les travaux de recherche sur les contes de Massamba Gueye du Sénégal prouvent que le conte est digne d’intérêt et sont numérisés au fur et à mesure. Par ailleurs, ils font également l’objet d’une thèse que le conteur prépare en ce moment.
Certains bailleurs de fonds ne soutiennent pas réellement les projets qui promeuvent les arts de la parole expliquent quelques artistes. C’est à peine si un festival de conte reçoit un appui considérable. « Il serait temps pour les responsables de festivals d’intéresser davantage les autorités de leur pays », confie Koumba Abdon Fortuné du Congo Brazzaville. L’on relève aussi que la principale faiblesse des festivals en Afrique réside dans la communication, car « pendant qu’ailleurs le budget consacré à cette rubrique est estimé de 70 à 75% du budget total, chez nous, c’est le dernier poste auquel on pense ». Ces rencontres connaîtront suite aux prochaines éditions et il serait temps de les matérialiser car le marché artistique du conte demeure encore fragilisé par le désintérêt des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics.
Martial E. Nguéa
Autour de Toumani Kouyaté, directeur du festival Yeelen Les Vestibules de la parole (France), se sont réunis des professionnels venus du Burkina Faso, Congo, Centrafrique, Togo, Madagascar, Tchad, Sénégal, Cote d’Ivoire, Mali, France, Canada, Pérou, et du Cameroun pour relever les limites de l’organisation, évoquer la professionnalisation des festivals en Afrique, le statut du conteur et la création d’un réseau des professionnels des arts de l’oralité dans le cadre du Festmoc. En cette occasion, il a paru opportun aux conteurs de comprendre ce qui faisait ombrage au bon déroulement du festival; ces derniers n’ont pas manqué de donner avec objectivité leur avis sur l’organisation. Une attitude que Toumani Kouyaté trouve d’ailleurs « remarquable par la sincérité des propos. Les rencontres professionnelles initiées dans le cadre de ce festival sont, pour nous invités, un moment de se dire froidement les vérités et de poser les problèmes que rencontre l’art de l’oralité ». Ces travaux ont été un moyen de mettre en réseau les professionnels de
l’oralité. Et de jeter les bases d’un autre projet sur l’édition du recueil des contes d’Afrique, en vue d’assurer la pérennité de la littérature orale africaine. Les travaux du Pr. Charles Binam Bikoi, écrivain camerounais et spécialiste du conte, ont été cités en exemple. Les travaux de recherche sur les contes de Massamba Gueye du Sénégal prouvent que le conte est digne d’intérêt et sont numérisés au fur et à mesure. Par ailleurs, ils font également l’objet d’une thèse que le conteur prépare en ce moment.
Certains bailleurs de fonds ne soutiennent pas réellement les projets qui promeuvent les arts de la parole expliquent quelques artistes. C’est à peine si un festival de conte reçoit un appui considérable. « Il serait temps pour les responsables de festivals d’intéresser davantage les autorités de leur pays », confie Koumba Abdon Fortuné du Congo Brazzaville. L’on relève aussi que la principale faiblesse des festivals en Afrique réside dans la communication, car « pendant qu’ailleurs le budget consacré à cette rubrique est estimé de 70 à 75% du budget total, chez nous, c’est le dernier poste auquel on pense ». Ces rencontres connaîtront suite aux prochaines éditions et il serait temps de les matérialiser car le marché artistique du conte demeure encore fragilisé par le désintérêt des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics.
Martial E. Nguéa
Au village de la papaye : Chronique d’un séjour de conte à Ntomb Lebel
Début de soirée froide en ce dimanche, une épaisse couche noire enrobe le ciel. Il menace réellement de pleuvoir. A peine quelques mots versés au voisin, dame pluie s’invite seule. Le premier jour des festivaliers au village Ntomb Lebel, site privilégié dans le cadre du « Conte chez l’habitant », est presque un enfer. « Ils ont dû s’embourber dans l’obscurité obsédante », pensent certains.
Las d’attendre le retour des autres conteurs de Kribi, le nombre des villageois s’est amoindri au fil des heures. Beaucoup sont allés se coucher, car le corps doit se reposer pour la suite des travaux champêtres du lendemain. Dans ce village de moins de trois cents habitants, le jeune chef ne déroge pas à la règle de l’hospitalité. Un panier de papayes est gracieusement offert aux hôtes. Les histoires se racontent, les conteurs se relayent, dans une diversité de genres. Le temps s’est vite écoulé sous les airs sulfureux du Mvet distillés par le vieux conteur Martin Abega, accompagné de son frère Symphorien Zogo, son interprète et danseur en toutes circonstances et dans ses multiples aventures.
En pleine nuit, l’on entend les fruits s’échapper de leurs arbres et compter le temps au rythme de leur chute. Mais au lever du jour, tout change. La terre de sable a absorbé toute son eau. A l’aise dans ses remparts, Ntomb Lebel a de la beauté. Ses tons clair et argenté lui viennent du sable extrait du fleuve Sanaga coulant non loin de là. Ses habitations, voguant entre le moderne et le traditionnel, peuvent se targuer d’offrir un mode de vie appréciable. Après avoir traversé en quelques pas les quatre coins du village, les grands arbres fruitiers, les sites touristiques, la case du patriarche conteur abritant les artistes, la rivière et les étendues de sable couchées dans les domaines privés, le chantier du Pr. Séverin Cécil Abega, et l’étang de poissons, l’on se découvre meilleur chasseur de rat du coin le temps d’une matinée. Alors, vous pourrez enfin vous asseoir, boire un verre de vin de palme offert par « Sa Majesté » de Ntomb Lebel. Le conte peut se dire!
Martial E.Nguéa
Las d’attendre le retour des autres conteurs de Kribi, le nombre des villageois s’est amoindri au fil des heures. Beaucoup sont allés se coucher, car le corps doit se reposer pour la suite des travaux champêtres du lendemain. Dans ce village de moins de trois cents habitants, le jeune chef ne déroge pas à la règle de l’hospitalité. Un panier de papayes est gracieusement offert aux hôtes. Les histoires se racontent, les conteurs se relayent, dans une diversité de genres. Le temps s’est vite écoulé sous les airs sulfureux du Mvet distillés par le vieux conteur Martin Abega, accompagné de son frère Symphorien Zogo, son interprète et danseur en toutes circonstances et dans ses multiples aventures.
En pleine nuit, l’on entend les fruits s’échapper de leurs arbres et compter le temps au rythme de leur chute. Mais au lever du jour, tout change. La terre de sable a absorbé toute son eau. A l’aise dans ses remparts, Ntomb Lebel a de la beauté. Ses tons clair et argenté lui viennent du sable extrait du fleuve Sanaga coulant non loin de là. Ses habitations, voguant entre le moderne et le traditionnel, peuvent se targuer d’offrir un mode de vie appréciable. Après avoir traversé en quelques pas les quatre coins du village, les grands arbres fruitiers, les sites touristiques, la case du patriarche conteur abritant les artistes, la rivière et les étendues de sable couchées dans les domaines privés, le chantier du Pr. Séverin Cécil Abega, et l’étang de poissons, l’on se découvre meilleur chasseur de rat du coin le temps d’une matinée. Alors, vous pourrez enfin vous asseoir, boire un verre de vin de palme offert par « Sa Majesté » de Ntomb Lebel. Le conte peut se dire!
Martial E.Nguéa
Toumani Kouyate « Toute histoire n’est pas un conte ».
conteur burkinabé, encadreur de l’atelier sur le Patrimoine oral revient sur les caractéristiques premières du genre.
Qu’est-ce qu’un conte ?
Je définirais le conte comme un élément culturel vital dans la vie de l’être humain. Le conte est incontournable, il accompagne l’être humain à chaque instant de son quotidien. Le conte est un enseignant, un aventurier, un voyageur qui n’a pas de but fixe, mais qui est généreux et humble. Il sait donner autant qu’il sait prendre. Il sait aussi s’habituer, s’acclimater en fonction du lieu, du temps et de la circonstance. C’est en même temps un médiateur et un conseiller.
Quand vous parlez d’accompagnement, quel sens cela a-t-il ?
Tout être humain porte une histoire en lui, un conte. Mais cela est endormi, et ce n’est pas tout le monde qui arrive à réveiller ce qui est endormi en soi. Pourtant, on a tous quelque chose à raconter. On a tous quelque chose à apprendre tous les jours dans la vie. On a tous déjà appris quelque chose, on a tous déjà été choqués, touchés, par un enseignement, par une situation.
Lors de l’atelier, vous avez affirmé que toute histoire n’est pas un conte. Pourquoi ?
En Afrique, quand l’on observe nos traditions orales, on prend par exemple l’épopée, On peut tout y trouver. L’épopée c’est généralement un genre de récit qui est long. Et dans une épopée, on peut trouver le conte, la légende, le mythe, la fable, le chant, la poésie, etc. Le mythe était généralement utilisé pour donner un enseignement, c’était pour nous faire croire à des choses qui n’étaient pas forcément vraies, mais c’était pour qu’on puisse respecter les lois de la tradition. C’était sacré. Avec des rituels autour. Maintenant, quand le mythe est désacralisé, on l’appelle légende. Donc, quand on regarde le fond du conte, on peut dire que c’est un genre de récit choisi pour nous enseigner, pour nous éduquer, mais surtout pour nous distraire. Je résume le conte à cela, nous distraire. Je le classifie donc dans ce qu’on appelle les paroles de futilités utiles. Ainsi, ces paroles, on les croit futiles, pourtant elles sont utiles parce qu’on apprend quelque chose.
Quand vous apprenez aux stagiaires, dans le cadre de l’atelier, comment écrire et rendre leur texte. Y a-t-il une manière particulière de présenter un conte ?
Le conte est un domaine pas du tout facile. Il est écrit à l’imparfait, mais il n’est pas raconté à l’imparfait. Il est en général raconté au présent. Beaucoup de gens racontent le conte comme il est écrit à l’imparfait certes, mais cela est la forme littéraire de l’Occident qui nous a surpassés. Seulement, nos vieux ne racontent pas à l’imparfait, ils racontent au présent. Et le présent se vit, le conte c’est quelque chose qui se vit à l’instant présent, qui se partage. L’imparfait c’est du passé, quelque chose par quoi on peut ne pas se sentir concerné. Or, le conte, quelque soit sa vieillesse, il sera toujours vivant parmi nous. Nous allons mourir et le laisser.
Que doit contenir un texte pour captiver l’auditoire ?
C’est le fond de ce que tu veux dire. Le sens et l’essence des mots. C’est le message. Et un bon conteur est capable de le faire.
Que doit avoir le bon conteur ?
Pareil. Si tu as tous ces éléments réunis, tu deviens un bon conteur. Il faut trouver les bons éléments pour bien prononcer le conte. Il faut que les gens t’écoutent.
Un bon griot est-il un bon conteur ?
D’abord, le mot griot reste encore ambigu pour les sociétés africaines. En Afrique de l’Ouest par exemple, on a des griots et on a d’autres personnes pour lesquelles on n’a toujours pas trouvé d’appellation en français, ce sont les Djieli, qui enseignent, qui font la transmission de père en fils, qui sont porteurs de mémoire. On peut être de la famille des Djieli sans être un conteur, sans être un musicien, sans être un chanteur. Cela dépend. Il y a tellement de disciplines artistiques et culturelles. En Afrique centrale, le griot n’est pas pareil qu’en Afrique de l’Ouest. Mais pour faciliter la compréhension, l’Occident nous a mis tous dans le même panier. Donc il y a une ambiguïté à ce niveau. Il faut lever cette nuance. En Afrique centrale, le griot, d’après ce que j’ai pu comprendre, c’est le joueur de mvet qui fait des louanges, qui raconte des récits. La transmission se fait de père en fils, en général, en tout cas, elle reste dans la famille. Parce qu’il peut y avoir un griot qui a des enfants et parmi ses enfants, il peut y en avoir qui ne sont pas du tout conteurs, qui ne deviennent pas conteurs parce qu’ils n’ont pas le don de la parole. Parce que devenir conteur c’est quand même avoir le don de la parole, le don de la subtilité de la parole.
Quelle est la part de la parole dans le conte ?
C’est le conte qui est dans la parole, parce que c’est l’ensemble des mots qui constituent la parole. Ce n’est pas le mot derrière lequel on met une image qui va constituer la parole. Plutôt l’ensemble. La parole est imagée, elle est entendue, elle est prononcée. On dit que le conte est dans la parole parce qu’il n’y a pas une seule forme de la parole. La parole est large, c’est l’élément prédominant. Donc il faut parler de la place du conte dans la parole, qui consiste en l’enseignement, l’éducation et la distraction.
Par rapport au thème du festival, contes et musique, est-ce que la musique a forcément une place incontournable dans le conte.
On ne peut pas dire ça. La musique est un décor du conte. Tout comme la danse peut l’être. Mais il faut que ce soit bien juxtaposé.
Mais est-ce qu’un conte accompagné de musique ajoute quelque chose à la narration ?
Oui, parce que ce n’est pas tout conte qui peut se raconter avec la musique. Ça dépend du genre. Ce n’est non plus tout artiste qui sait allier la musique au conte. Quand on observe les prestations des conteurs, il y a toute une panoplie de différences dans le style. Certains sont digestes avec un instrument de musique, contrairement à d’autres qui ne nécessitent pas forcément un instrument.
Est-ce qu’il y a des instruments spécifiques au conte ?
Moi je ne parlerais pas d’instruments spécifiques. Parce qu’en même temps, la particularité d’un instrument dépend de l’affection du conteur pour son instrument.
Que serait une vie sans conte ?
Une vie sans conte, ça n’existe pas. Je ne peux même pas me l’imaginer. Parce que même les animaux qui ne parlent pas ont des contes. Ils s’expriment par des gestes. Regardons les sourds-muets, ils ne parlent pas, ils n’entendent pas, mais ils communiquent, ils racontent par des gestes, par des signes. C’est pareil pour les animaux.
Propos recueillis par Rita Diba
Je définirais le conte comme un élément culturel vital dans la vie de l’être humain. Le conte est incontournable, il accompagne l’être humain à chaque instant de son quotidien. Le conte est un enseignant, un aventurier, un voyageur qui n’a pas de but fixe, mais qui est généreux et humble. Il sait donner autant qu’il sait prendre. Il sait aussi s’habituer, s’acclimater en fonction du lieu, du temps et de la circonstance. C’est en même temps un médiateur et un conseiller.
Quand vous parlez d’accompagnement, quel sens cela a-t-il ?
Tout être humain porte une histoire en lui, un conte. Mais cela est endormi, et ce n’est pas tout le monde qui arrive à réveiller ce qui est endormi en soi. Pourtant, on a tous quelque chose à raconter. On a tous quelque chose à apprendre tous les jours dans la vie. On a tous déjà appris quelque chose, on a tous déjà été choqués, touchés, par un enseignement, par une situation.
Lors de l’atelier, vous avez affirmé que toute histoire n’est pas un conte. Pourquoi ?
En Afrique, quand l’on observe nos traditions orales, on prend par exemple l’épopée, On peut tout y trouver. L’épopée c’est généralement un genre de récit qui est long. Et dans une épopée, on peut trouver le conte, la légende, le mythe, la fable, le chant, la poésie, etc. Le mythe était généralement utilisé pour donner un enseignement, c’était pour nous faire croire à des choses qui n’étaient pas forcément vraies, mais c’était pour qu’on puisse respecter les lois de la tradition. C’était sacré. Avec des rituels autour. Maintenant, quand le mythe est désacralisé, on l’appelle légende. Donc, quand on regarde le fond du conte, on peut dire que c’est un genre de récit choisi pour nous enseigner, pour nous éduquer, mais surtout pour nous distraire. Je résume le conte à cela, nous distraire. Je le classifie donc dans ce qu’on appelle les paroles de futilités utiles. Ainsi, ces paroles, on les croit futiles, pourtant elles sont utiles parce qu’on apprend quelque chose.
Quand vous apprenez aux stagiaires, dans le cadre de l’atelier, comment écrire et rendre leur texte. Y a-t-il une manière particulière de présenter un conte ?
Le conte est un domaine pas du tout facile. Il est écrit à l’imparfait, mais il n’est pas raconté à l’imparfait. Il est en général raconté au présent. Beaucoup de gens racontent le conte comme il est écrit à l’imparfait certes, mais cela est la forme littéraire de l’Occident qui nous a surpassés. Seulement, nos vieux ne racontent pas à l’imparfait, ils racontent au présent. Et le présent se vit, le conte c’est quelque chose qui se vit à l’instant présent, qui se partage. L’imparfait c’est du passé, quelque chose par quoi on peut ne pas se sentir concerné. Or, le conte, quelque soit sa vieillesse, il sera toujours vivant parmi nous. Nous allons mourir et le laisser.
Que doit contenir un texte pour captiver l’auditoire ?
C’est le fond de ce que tu veux dire. Le sens et l’essence des mots. C’est le message. Et un bon conteur est capable de le faire.
Que doit avoir le bon conteur ?
Pareil. Si tu as tous ces éléments réunis, tu deviens un bon conteur. Il faut trouver les bons éléments pour bien prononcer le conte. Il faut que les gens t’écoutent.
Un bon griot est-il un bon conteur ?
D’abord, le mot griot reste encore ambigu pour les sociétés africaines. En Afrique de l’Ouest par exemple, on a des griots et on a d’autres personnes pour lesquelles on n’a toujours pas trouvé d’appellation en français, ce sont les Djieli, qui enseignent, qui font la transmission de père en fils, qui sont porteurs de mémoire. On peut être de la famille des Djieli sans être un conteur, sans être un musicien, sans être un chanteur. Cela dépend. Il y a tellement de disciplines artistiques et culturelles. En Afrique centrale, le griot n’est pas pareil qu’en Afrique de l’Ouest. Mais pour faciliter la compréhension, l’Occident nous a mis tous dans le même panier. Donc il y a une ambiguïté à ce niveau. Il faut lever cette nuance. En Afrique centrale, le griot, d’après ce que j’ai pu comprendre, c’est le joueur de mvet qui fait des louanges, qui raconte des récits. La transmission se fait de père en fils, en général, en tout cas, elle reste dans la famille. Parce qu’il peut y avoir un griot qui a des enfants et parmi ses enfants, il peut y en avoir qui ne sont pas du tout conteurs, qui ne deviennent pas conteurs parce qu’ils n’ont pas le don de la parole. Parce que devenir conteur c’est quand même avoir le don de la parole, le don de la subtilité de la parole.
Quelle est la part de la parole dans le conte ?
C’est le conte qui est dans la parole, parce que c’est l’ensemble des mots qui constituent la parole. Ce n’est pas le mot derrière lequel on met une image qui va constituer la parole. Plutôt l’ensemble. La parole est imagée, elle est entendue, elle est prononcée. On dit que le conte est dans la parole parce qu’il n’y a pas une seule forme de la parole. La parole est large, c’est l’élément prédominant. Donc il faut parler de la place du conte dans la parole, qui consiste en l’enseignement, l’éducation et la distraction.
Par rapport au thème du festival, contes et musique, est-ce que la musique a forcément une place incontournable dans le conte.
On ne peut pas dire ça. La musique est un décor du conte. Tout comme la danse peut l’être. Mais il faut que ce soit bien juxtaposé.
Mais est-ce qu’un conte accompagné de musique ajoute quelque chose à la narration ?
Oui, parce que ce n’est pas tout conte qui peut se raconter avec la musique. Ça dépend du genre. Ce n’est non plus tout artiste qui sait allier la musique au conte. Quand on observe les prestations des conteurs, il y a toute une panoplie de différences dans le style. Certains sont digestes avec un instrument de musique, contrairement à d’autres qui ne nécessitent pas forcément un instrument.
Est-ce qu’il y a des instruments spécifiques au conte ?
Moi je ne parlerais pas d’instruments spécifiques. Parce qu’en même temps, la particularité d’un instrument dépend de l’affection du conteur pour son instrument.
Que serait une vie sans conte ?
Une vie sans conte, ça n’existe pas. Je ne peux même pas me l’imaginer. Parce que même les animaux qui ne parlent pas ont des contes. Ils s’expriment par des gestes. Regardons les sourds-muets, ils ne parlent pas, ils n’entendent pas, mais ils communiquent, ils racontent par des gestes, par des signes. C’est pareil pour les animaux.
Propos recueillis par Rita Diba
Deux naïades pour deux conteurs
La nuit de l’arrivée de la délégation du festival les Moments Contes(FESTMOC) à Kribi, un conteur, lors d’une plongée à la mer du coté de Mboa Manga, a ressurgi des eaux avec une naïade qu’il a aussitôt ramenée à la résidence. Dans cette euphorie, un deuxième conteur a, dans sa quête effrénée de fruit de mer, réussi sa prise avec éclat. Seulement, ces créatures balnéaires n’ont pas su remercier les prouesses de leurs pêcheurs, ne serait ce qu’en laissant déborder leur océan lacrymal aux moments des adieux.
Dans la boue de Ntomb Lebel
Décidément « Le koro » a eu chaud ! Et cela commençait toujours dès son arrivée dans un coin. Sur la route de Ntomb Lebel, la boue a eu raison de « L’homme solution » du Festmoc. En poussant la voiture du Pr. Séverin Cécil Abéga qui avait du mal à sortir d’un bourbier, « Le Koro » s’est retrouvé étalé de tout son long sur le sol, il s’en est fallu de peu pour que la boue ne trouve chemin dans sa bouche. Le pauvre s’en est tiré avec des vêtements tous couverts de gadoue.
Yvette MBOGO
Dans la boue de Ntomb Lebel
Décidément « Le koro » a eu chaud ! Et cela commençait toujours dès son arrivée dans un coin. Sur la route de Ntomb Lebel, la boue a eu raison de « L’homme solution » du Festmoc. En poussant la voiture du Pr. Séverin Cécil Abéga qui avait du mal à sortir d’un bourbier, « Le Koro » s’est retrouvé étalé de tout son long sur le sol, il s’en est fallu de peu pour que la boue ne trouve chemin dans sa bouche. Le pauvre s’en est tiré avec des vêtements tous couverts de gadoue.
Yvette MBOGO
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